samedi 10 novembre 2012

Chapitre 8




– Pardon de vous déranger....

J'ouvris les yeux et me redressais sur les coudes. Allen se tenait devant nous, la mine inquiète.

– Tu ne nous déranges pas du tout. Qu'est qu'on peut faire pour toi ? Lui demandai-je souriante.
– Je me demandais si vous aviez vu Olivia ?
– Non, désolé. Lui répondit Ian.
– Ça va faire une heure que je la cherche partout.
–Tu es tout seul ! Sam et Britany n'apprécieraient pas. Tu veux de l'aide ? Lui proposai-je.
– C'est pas de refus mais je sais plus où chercher.
– Tu penses qu'elle... Commença Ian avant qu'il ne le coupe.
– Je refuse d'y croire.

Ian et moi nous levâmes. Nous ne pouvions pas laisser Allen chercher seul Olivia. Si elle n'avait pas disparu, lui prenait le risque de disparaître en la cherchant.
Nous parcourûmes tous les trois l'ensemble du domaine de l'institut sans pour autant la trouver. Aucun de nos amis ne l'avait vue. Finalement tout le monde se mit à sa recherche. Ce n'est qu'en croisant Samantha que celle-ci nous appris qu'Olivia avait quitté l'institut avec Britany. Tout le monde fut aussitôt soulagés.



– Puisque je vous tiens, nous lança Sam, Britany m'a dit qu'il y avait plusieurs vieux manuscrits dans la bibliothèque de l'institut. Elle m'a dit qu'un nombre incalculable de créatures de la nuit y était répertorié. Rose y est déjà, vous pourriez peut-être aller l'aider?



Ian et moi acceptâmes et suivîmes la direction que nous avait donné ma tante. La bibliothèque se trouvant au sous-sol de l'institut, cette dernière était sombre et l'éclairage artificiel lui procurait une atmosphère étrange. On se serait crus dans une vieille bibliothèque mystérieuse comme dans les films fantastique, où un vieux mage, présent pour aider le héros, se tiendrait tout au fond installé dans un fauteuil confortable. Cette image du vieil homme aux cheveux blancs et à la longue barbe assortie, fut brisée lorsque mon regard se posa sur la chevelure rousse de Rose assise à une grande table, une pile de vieux bouquins près d'elle.
En nous entendant arriver, elle leva à peine le nez du livre qu'elle feuilletait. Ian et moi prîmes place en face d'elle et prîmes chacun un ouvrage. J'attrapais le premier de la pile sans prêter attention au titre. J'en tournais la lourde couverture de cuir brun et me concentrais sur tous les détails de chaque page. Je découvris de nombreuses créatures de la nuit que je n'avais encore jamais vu tout en espérant ne jamais les croiser.



– Y'a rien à faire... rien là dedans ne va nous apprendre à qui on a à faire. Grogna Rose en refermant brutalement un énième livre.
– Il en reste encore, on ne sait jamais. Positiva Ian.
– Je connais quelqu'un qui pourrait peut-être nous aider. M'exclamai-je soudain.
– Qui ?
– Béka !
– Je ne savais pas que tu avais gardé contact avec l'équipe de Paris. S'étonna Ian.
– Pour être franche, ce n'est pas vraiment le cas mais Raven m'avait donné son numéro de portable.
– Vraiment...



Je perçus une note de jalousie dans l'intonation qu'avait donné Ian à ce simple mot. Je lui adressai un sourire malicieux et sortis mon téléphone. Voyant la tête qu'il faisait, je lui fis un bisou sur la joue.



– Cesse d'être jaloux Ian... J'ai accepté de devenir ta femme est-ce que ça ne suffit pas à te rassurer quant à mes sentiments pour toi ?
– Quoi ! S'exclama Rose qui avait entendu.
– J'ai demandé à Silver de m'épouser, elle a dit oui, fin de la conversation ! Répliqua Ian avant même que je ne réponde à Rose moi-même.



Dans un grondement elle se leva, renversant au passage sa chaise et quitta la bibliothèque, en claquant la porte,furieuse.



– Ça va lui passer, me rassura Ian.
– J'aurais mieux fait de me taire!
– Et pourquoi ça ? As-tu honte de devenir ma femme ?
– Non, bien sûr que non. Mais tu aurais peut-être préféré le lui dire toi-même.
– J'aurais du le faire avant, c'est de ma faute mais... ce qui est fait est fait... Appelle donc Béka.



Je composais le numéro enregistré à Raven. Deux sonneries plus tard, il décrocha.



– Erin... C'est toi ?
– Oui, comment le sais-tu ?
– J'avais enregistré ton numéro.



Aïe, Ian me fusilla du regard. Le son était suffisamment fort pour qu'il entende ce que venait de me répondre Raven et vu son air je ne doutais pas que ce regard assassin désapprouvait totalement. En lui disant qu'il m'avait donné son numéro de téléphone j'avais omis de lui dire que je lui avais donné le mien en retour.



– Erin ? Tu es toujours là ?
– Oui, oui, pardon.
– Que me vaut cet appel ?
– En fait, j'avais besoin de joindre Béka mais tu es le seul dont j'ai le numéro.
– Déception... souffla-t-il avant de rigoler. Ne quitte pas je te la passe.



Je l'entendis ouvrir une porte et appeler Rebecca.



– Salut Erin, je suis super contente de t'entendre. Comment vas-tu ? Et Ian ? Ce que vous pouvez me manquer.... Vous allez bientôt revenir ?



Béka enchaîna tellement de questions que j'eus du mal à l'interrompre. Je dus lui couper la parole.



– Béka....si je t'appelle c'est parce que j'ai besoin d'aide. Je te promets de répondre à toutes tes questions après.
– Oh ! Je t'écoute...
– Si je te parle d'une créature de la nuit capable de faire disparaître anges et humains sans laisser une trace tu penses à quoi ?
– Euh...laisse-moi une minute.



Ian m'interrogea du regard. Je lui murmurais que Béka était en train de réfléchir. Le silence ne dura pas plus de quelques minutes mais me parut interminable. Quand notre amie reprit la parole, elle s'excusa mais n'avait rien trouvé qui puisse correspondre à la description qu'on lui avait fait concernant les disparitions. Béka me promis qu'elle allait écumer tous les sites Internet possibles et demander aux autres de faire des recherches à la bibliothèque et qu'elle me rappellerait si elle trouvait quoi que ce soit. Je raccrochais déçue. J'avais placé trop d'espoirs dans cet appel. Ian et moi poursuivîmes nos recherches à travers les différents livres qu'avait sortit Rose. Quelques créatures attirèrent notre attention. Les souffleurs, des créatures capable de manipuler, n'importe quel être humain, par la volonté de leur esprit. Une telle créature serait capable de faire ce qu'il voulait d'un élève et lui intimer de quitter l'institut pour le conduire dans un lieu moins sécurisé. Toutefois Ian souleva un point primordial éliminant l'éventuel participation d'un souffleur, les disparus n'avaient été vus partir nulle part... Ils s'étaient volatilisés du lieu où ils se trouvaient. La seconde créature était un spectre. Cette espèce de fantôme aspirait l'énergie des humains jusqu'à ce qu'ils deviennent à leur tour des être invisibles.



– Ça ne va pas non plus, dis-je en cherchant un livre que j'avais lu un peu avant.
– Pourquoi ? Me demanda Ian.
–Attends... Ah ! Le voilà... Ici, ils disent que lorsqu'un spectre tut, l'enveloppe charnelle reste là où la victime a été tuée. À moins qu'il ait pu cacher le corps, nous n'avons pas affaire à un spectre.
– Heureusement j'ai envie de dire, car je ne vois pas comment combattre un mort.
– Oui mais on a toujours pas mis le doigt sur la nature de la créature que nous devons combattre.
– On va trouver... Regarde, il nous reste de quoi faire.



Les heures avaient défilé sans que Ian et moi ne nous rendîmes vraiment compte. Ce n'est que lorsque Cloé arriva avec une assiette contenant deux sandwichs que nous relevâmes la tête de nos livres.



– Alors ? Demanda-t-elle.
– Nous n'avons encore rien trouver!
– Je ne parle pas de ça ! S'exclama-t-elle avec un grand sourire qu'elle dissimula aussitôt.



Les yeux pétillant de malice de mon amie m'indiquaient qu'elle attendait avec impatience une réponse. Mais comment la combler alors que j'ignorais de quoi elle voulait parler.



– De quoi alors parles-tu ? Demanda curieux Ian.
– Que tu ne me dises rien, lui adressa-t-elle, je peux comprendre mais que toi, l'une de mes meilleures amies, s'adressa-t-elle à moi, ne me dises rien, je n'en reviens pas.
– De quoi parles-tu Cl... Commençais-je avant de comprendre où elle voulait en venir.

Cloé avait très certainement croisé Rose qui avait dû la mettre au courant de la demande en mariage de Ian.

– Je suis désolée Cloé. Ian est moi attendions un moment plus propice pour vous en parler. Entre les disparitions, le retour de Jack, l'accident, ma tante... Ce n'était franchement pas l'idéal pour partager une telle nouvelle.
–Je comprends, me répondit-elle tendrement, arborant à nouveau son beau sourire. Par contre, vous auriez dû prévenir Rose que c'était un secret car elle le clame à qui lui demande ce qu'elle a.
– Comment ça ?
– Elle est d'humeur massacrante et dès qu'on lui demande ce qui lui arrive, elle nous hurle que Ian a fait la plus grosse connerie de sa vie, qu'il va regretter son choix et que votre mariage ne tiendra pas en admettant qu'il soit un jour célébré.
– Je vais lui parler ! S'exclama Ian. On se retrouve après mon ange... à plus Cloé.
– Salut Ian.
– Les filles, vous restez ensemble surtout. Cloé n'aurait déjà pas dû venir seule.
– Ce n'est pas le cas, j'étais avec Adam et Dim. D'ailleurs ils t'attendent, ils n'étaient pas très contents que tu ne leur aies rien dis, rigola-t-elle.



Ian nous sourit et sortit affronter les foudres de ses amis. Connaissant Adam et Dimitri, ils allaient surtout se moquer de l'attitude de Rose.



– Bon alors, raconte-moi...C'était romantique, il t'a offert une bague, il...



Cloé s'arrêta net lorsque je lui tendis la main et qu'elle vit la bague qui habillait merveilleusement mon doigt.



– Waouh! Il ne s'est pas moqué de toi..., elle est superbe.
– C'était la bague de sa mère.
– J'en reviens pas... Comment a-t-il fait sa demande ?
– De manière très romantique. Nous discutions et puis il a dit quelque chose qui s'apparentait à une demande. Alors pour rigoler je lui ai demandé s'il était en train de me demander en mariage.
– Et là il a dit oui ! S'exclama Cloé impatiente.
– Non. Il m'a dit que ça ne l'était pas, puis il est parti et quand il est revenu il m'a dit combien je comptais pour lui et il me l'a offerte.
– Tu as trop de chance! Pour quand est le mariage ?
– On a pas fixé de date, on préfère attendre.
– Mais attendre quoi ?
– On est encore très jeunes. Finir le lycée serait déjà bien.
– C'est votre destinée, vous ne pouvez pas y échapper. Toi et Ian êtes faits l'un pour l'autre alors pourquoi attendre? Les filles vont être folles de jalousie !
– Cloé. La réprimandai-je. Tu ne dois pas en parler.
– Mais Rose a déjà dû ameuter tout l'institut.
– Oh non... soufflai-je. Je ne voulais pas que Brice ait vent de cette histoire. Cassie et lui devaient se marier, ça va lui faire beaucoup de mal.
– Tôt ou tard il l'aurait appris.
– Je voulais qu'elle soit de retour avant.

Cloé prit la place de Ian et toute les deux, nous finîmes d'étudier les ouvrages encore sur la table. Ça faisait plusieurs heures que je tournais et tournais encore des pages jaunies par les années sans rien trouver. Je pris un nouveau manuscrit. Il était lourd et semblait très ancien. Le titre, gravé dans le cuir épais de la couverture, indiquait que l'ouvrage parlait des créatures imaginaires. Mon premier geste fut de le mettre de côté. Si elles étaient imaginaires elle ne nous concernaient pas puisque la créature à laquelle nous avions à faire était bel et bien réelle. Mais une petite voix au fond de moi me rappela que les vampires, les succubes et tous les autres monstres que j'avais rencontrés au cours de mes missions n'étaient pas réels pour moi avant. Je repris le livre et tournai la première page, puis la seconde et les autres qui suivaient. Toutes les créatures à l'intérieur ne me disaient rien, je ne les avais jamais croisées, ni même n'avais entendu parler d'elles. Je perdais mon temps à feuilleter ce livre... visiblement, aucune d'elles n'avaient jamais existé. Alors que j'allai le refermer, une créature attira mon attention. Seul le visage était représenté sur la page. La moitié droite était humaine mais l'autre... En voyant l'image, j'eus l'impression de voir une momie sans les bandelettes. La partie gauche de son visage était comme en décomposition, sa peau était flétrie et des lambeaux s'en détachaient. Grayling, s'était le nom qui était inscrit juste en dessus de l'image. Malheureusement il n'y avait pas beaucoup de renseignement sur cette créature. Quelques lignes indiquaient que les hommes croyaient, à l'époque du Moyen-âge, que les Graylings venaient les chercher pour les emmener vers le monde des ombres. Il était dit aussi que ces créatures faisaient passer les vivants de l'autre côté pour les garder à jamais. Cette idée me fit frissonner. Une théorie germa ensuite en moi. Si une telle créature existait, elle aurait très bien pu enlever les anges et les étudiants. Si elle les avait faits passer de l'autre côté, cela expliquerait qu'ils aient tous disparus sans laisser de trace.
Je montrais ma trouvaille à Cloé pour voir ce qu'elle pensait de mon hypothèse.



– Un Grayling. Jamais entendu parler de ça. Oh mais ce sont des créatures imaginaires Erin, regarde c'est écrit sur la couverture.
– Oui je sais, mais pour moi, les vampires l'étaient eux-aussi et pourtant, j'ai dû en affronter.
– Tu marques un point.
– Et puis regarde, d'après ce qui est dit, il fait passer les humains dans un monde parallèle, ça expliquerait que les étudiants ce soient volatilisés.
– Les humains oui mais ceux de l'équipe je ne pense pas.
– Tu as sûrement raison.



Je refermais le livre et le laissais de côté. Quand Cloé referma le manuscrit qu'elle avait devant elle, elle n'avait rien trouvé. Nous quittâmes la bibliothèque et nous rendîmes dans ma chambre. Ian n'était pas encore revenu. Il devait très certainement être encore avec Adam et Dimitri. Mon amie et moi arpentâmes les couloirs pour rejoindre les garçons. Nous les trouvâmes assis sur la pelouse devant l'institut. Abby et Noëla les avaient rejoints. Tous discutaient et s'arrêtèrent soudainement à notre arrivée.



– Je n'en reviens pas que tu ne nous aies rien dit ! S'exclama Abby.
– Tu aurais pu nous mettre au courant. Ajouta Noëla à son tour.
– Moi aussi je suis contente de vous voir les filles. M'exclamai-je , ne voulant pas rentrer dans leur jeu.
– Félicitation, me lancèrent Dim et Adam dans une même voix.
– Merci.



Je m'asseyais près de Ian qui m'enlaça aussitôt de ses bras avant de m'embrasser.



– Vous avez trouvé quelque chose ? Nous demanda-t-il ensuite.
– Non, lui répondit notre amie qui s'était elle aussi blottie dans les bras de son compagnon.
– Ne t'en fais pas Sil, on va trouver, me dit Ian.



Chacun de nous retrouva sa chambre. Ian et moi prîmes une bonne douche et nous couchâmes. Nous fîmes l'amour et Ian finit par s'endormir, la tête posée sur mon ventre, sous les caresses de mes doigts dans ses cheveux. Jouer avec ses boucles soyeuses m'apaisait et pourtant il m'était impossible de trouver le sommeil. Dans mon esprit défilait toutes ces créatures vues un peu plus tôt dans la bibliothèque dont une en particulier, ce fameux Grayling. Il fallait que j'en sois certaine. J'attrapai discrètement mon portable sur la table de nuit et envoyai un message à Raven afin qu'il demande à Béka ce qu'elle savait de ces créatures dites imaginaires. Je mis ensuite l'appareil en silencieux et guettais une éventuelle réponse. Celle-ci ne se fit pas attendre bien longtemps. Je reçu un message me disant qu'il ne s'agissait que d'une légende que cette créature n'existait pas.


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