vendredi 11 janvier 2013

Chapitre 17





 Le jour de mon dernier essayage arriva.
J'étais excitée et anxieuse à la fois. J'étais consciente d'avoir retrouvé mes formes d'avant, en un peu plus ferme puisque peu à peu Ian avait accepté de reprendre doucement l'entraînement, mais j'avais peur que la robe ne me convienne plus à présent. Une vendeuse m'apporta une grande housse crème pendant que Cassie attendait. Nous étions seules pour ce dernier essayage, les autres filles ayant prétexté ne pas pouvoir venir. Je passais dans une cabine, me déshabillais et passais la robe. J'avais choisi, une robe blanche, au bustier en dentelle partiellement transparent avec une longue jupe ample et fluide. Elle était exactement comme je l'imaginais et tombait parfaitement. Lorsque je sortis de la cabine, Cassie et la vendeuse ouvrirent de grands yeux.

  • Il y a un problème ? M'inquiétai-je aussitôt.
  • Non, s'empressa de me répondre mon amie. Tu es superbe et cette robe te va merveilleusement bien.
  • Votre amie a raison, elle est faite pour vous.

Je m'observai dans le grand miroir et me rendis compte que l'image qu'il reflétait me plaisait beaucoup.

  • Ça donnera quelque chose comme ça avec la coiffure que tu regardais. Qu'est-ce que tu en penses ? me demanda Cassie qui venait de rassembler mes cheveux ondulés sur l'arrière droit de ma tête en les laissant cascader sur le devant.
  • J'aime beaucoup.
  • Et avec ceci, ce serait parfait, conclut la vendeuse en déposant un petit diadème fin sur ma tête.

Je souris. C'était exactement ce que je souhaitais pour mon mariage. Mon amie passa la sienne pendant que je me changeais. Elle avait opté pour une robe nouée dans la nuque et au dos nu qui descendait juste assez bas pour laisser deviné la fin de la cambrure de ses reins. Le bas de la robe était simple et fluide et se terminait en une une traîne un peu plus longue que la mienne. L'idée d'un chignon déstructuré s'imposa. À la base, mon amie hésité quand à la forme de son chignon mais là, il n'y avait plus de doute. Je lui en fis un à la va-vite et la vendeuse y incrusta également un diadème mais différent du mien. Celui de Cassie était plus haut et plus volumineux. La vendeuse lui expliqua qu'il mettrait en valeur la hauteur de son chignon.


Les deux robes furent cachées dans le bureau de Britany. Seuls les garçons ignoraient à quoi elles ressemblaient et il nous tardait à Cassie et moi de voir leurs têtes en nous découvrant ainsi vêtues.


Une semaine plus tard, c'était le grand jour. Les premiers rayons de soleil éclairaient déjà notre chambre et Ian et moi nous réveillâmes en partageant la même excitation. Son père et sa petite sœur devait arriver vers dix heures et il était convenu que pendant qu'il irait les chercher, Cassie et moi irions nous faire coiffer et maquiller. La cérémonie ne serait célébrée qu'à midi dans le grand parc de l'institut. Mais avant, j'avais une chose à régler avec mon futur époux.

  • Ça fait des semaines que j’attends que tu m'expliques ce qu'il s'est passé pendant que j'étais retenue par Jack. Ian, j'ai besoin de savoir maintenant.
  • Ce n'est pas le jour idéal, ne veux-tu pas attendre encore quelques jours ? Il n'y a pas d'urgence.
  • Non, je vais bien maintenant, je veux savoir.
  • Comme tu voudras mon amour mais avant, embrasse-moi.

Je ne me fis pas prier. Ian m'enveloppa de ses bras chauds et musclés et se fit plus avide. Je savais exactement ce qu'il cherchait à faire, mais c'était peine perdue. Cette fois, j'étais bien décidée à savoir et mon fiancé, si séduisant était-il, n'allait pas s'en sortir avec ses baisers et ses caresses.

  • Ian... je veux savoir, soufflai-je contre ses lèvres alors qu'il venait de m'embrasser avec passion.
  • Tu ne changeras pas d'avis ?
  • Non.
  • Très bien.

Ian m'attira contre lui, je déposais ma tête sur son épaule et me fit attentive à ce qu'il avait à me dire. J'allais enfin savoir tout ce qui s'était passé.
Il hésita un instant, cherchant certainement ses mots puis prit la parole :

  • C'était encore la nuit, nous dormions tous et c'est là que tu m'as été enlevée. Je n'ai rien senti, c'est l'alerte de notre ami qui était de garde qui m'a sorti de mon sommeil. Mais je n'ai eu le temps de rien, tu avais déjà disparu. C'est à peine si Christian a eu le temps de le voir t'emmener avec lui.
  • Qui ? Qui m'a emmené ?
  • La chose, le Grayling. Il était avec Jack d'après ce qu'à dit Christian. Après ta disparition, Sam a réuni toute l'équipe et nous sommes tous allés au hangar pour te sauver. Mais... Tu n'y étais pas. J'étais perdu Sil, un instant j'ai bien cru que je ne te reverrai plus jamais.

Après ça, Ian m'expliqua que c'était grâce à Brice et Cassie qu'il avait gardé espoir. Nos deux amis s'était battus pour le faire se nourrir et vivre simplement alors qu'il n'avait plus la force de lutter. Ma gorge se noua à l'idée qu'il se serait laissé mourir sans nos amis. Depuis mon retour, Ian avait toujours refusé de me parler de cette période qui était totalement obscur pour moi. Au fil de son récit, je m’aperçus qu'il avait tout autant souffert que moi. Il avait alors été décidé que Izzie devait partir, Sam a alors appelé monsieur Coursilver et lui a annoncé la nouvelle avec le plus de tact possible. Le pauvre homme avait eu beaucoup de mal à croire à ce miracle. Il avait fallu que ma tante lui passe la petite au téléphone pour qu'il y admette que sa fille était en vie. Ian n'étant pas en état et surtout refusant catégoriquement de quitter l'institut, il fut convenu que ce serait Rose qui accompagnerait la petite jusqu'à New-york. Elle est ensuite revenue et avait raconté l’accueil incroyablement émouvant que le père de l'enfant leur avait fait. Pendant ce temps, des recherches avaient été lancées et de l'aide avait été demandée à l'équipe parisienne. Tout avait vraiment été mis en œuvre pour me retrouver alors que personne n'avait la preuve que j'étais toujours vivante. L'ensemble de nos amis n'avait jamais perdu espoir. Si Ian et moi n'y croyions plus du tout, chacun de notre coté, eux poursuivaient les recherches, remuant toute la ville pour me retrouver. La description de certains membres du groupe de mon ravisseur avait été donnée.
Et puis un jour, l'un d'eux a été repéré et pris en filature durant plusieurs jours. Le gars avait écumé différents bars, avait passé la nuit dans plusieurs hôtels plus que douteux avant de finalement conduire deux des membres de notre équipe jusqu'à un bâtiment non loin d' Oxford.
À leur retour à l'institut, Abby et Drew avait raconté tout ce qu'ils avaient trouvé. Leurs paroles eurent le bénéfice de redonner espoir à Ian. Ce dernier insista pour se joindre à la mission. Samantha n'avait alors pas eu le courage, ni la volonté de lui refuser. Une fois de plus, tous s'étaient réunis et avaient pris la route en suivant les indications de Drew et d'Abby.

Ian reprit son souffle et me câlina comme pour reprendre un peu de courage pour poursuivre son récit. Je voyais à son regard que ce n'était pas facile pour lui de revenir sur ce qui s'était passé, mais j'en avais réellement besoin pour définitivement tourner la page. C'était donc le jour idéal pour qu'il se livre.
Il prit une grande inspiration et reprit :

  • Quand on est arrivés sur place, mon instinct s'est réveillé et j'ai soudainement eu la certitude que nous étions au même endroit.

Alors qu'ils allaient donner l'assaut, quatre hommes étaient sortis et s'étaient postés devant la porte principale. Cassie qui les avaient déjà vu, savait qu'ils la reconnaîtraient en la voyant. Afin d'attirer leur attention, elle avait avancé droit sur eux. C'est alors que Brice, Adam et Dim les avaient attaqués et maîtrisés sans trop de mal, la surprise aidant. Cloé et Christian avaient fait le tour par derrière avec Rose et Ryan. Il n'y avait aucun garde de leur coté. Gabriel, Sam, William et No avaient rejoint Cassie eux aussi. Et le reste de l'équipe était resté en arrière pour servir de renfort ou pour retenir tout ceux qui tenteraient de prendre la fuite. Ian qui ne tenait pas en place, avait finalement rejoint mon père. Tous avaient reçu l'ordre de tuer tous les traqueurs présents sans aucune exception. Quand le signal pour entrer avait été donné les portes avaient été enfoncées dans un même mouvement et tous s'étaient jetés dans le combat. Ian et Gabriel s'étaient alors mis à ma recherche dans les locaux. Alors qu'ils venaient de me retrouver, Jack les attaqua. Ian, dans une colère dévastatrice s'était alors jeté dans le combat.
Encore aujourd'hui, je pouvais percevoir toute la tension qu'il avait ressenti ce jour-là. Ian me racontait la manière dont il avait vécu ce terrible moment. Ce que je croyais être mon cauchemar était en fait le nôtre. Ne tenant plus en place, il poursuivait son récit tout en faisant les cents pas. Je me levai et l'arrêtai dans son élan frénétique.

  • Calme-toi mon amour. Tout va bien à présent. Je suis là et en parfaite santé.

Ian me serra contre lui et se tut un instant. Lorsqu'il reprit le fil de l'histoire, il était apaisé.

  • C'est ma haine pour lui qui m'a permis de le détruire. Je n'étais plus moi-même, je craignais qu'il t'ai tué et je voulais qu'il paie pour ça. Je l'ai blessé plusieurs fois avant de pouvoir lui porter le coup de grâce. J'aurais voulu qu'il souffre plus longtemps mais ton père m'a ramené à la réalité et m'a dit que tu avais besoin de moi. Je suis donc venu te retrouver.
  • Jack est donc mort...
  • Oui Sil. Tu ne dois pas être triste pour ça, c'était un traqueur.
  • Ian, tu te trompes. Je ne suis pas triste pour sa mort. Si j'en avait eu la force, je l'aurai tué de mes propres mains.
  • Tu es sur qu'il...
  • Ne t'en fait pas. Humain ou non, il est impossible de survivre quand...

Ian ne termina pas sa phrase. De mon coté, je n’insistais pas plus. Je n'avais pas besoin de connaître les détails de sa mort. Si Ian m'affirmait qu'on en avait définitivement fini avec lui, je pouvais lui faire confiance. Ian termina en me racontant que j'avais réagi un cours instant lorsqu'il m'avait pris dans ses bras avant de perdre connaissance. J'étais restée longuement entre la vie et la mort et que durant tout ce temps, il ne m'avait pas quitté. Il n'y avait que lorsque Sam venait assurer ma surveillance qu'il prenait quelques minutes pour se doucher et se changer.

  • Je suis tellement désolée que tu aies dû vivre ça.
  • C'est moi Sil qui suis désolé. Si je ne m'étais pas endormi, tu n'aurais jamais été enlevée.
  • Tu ne peux pas t'en vouloir pour ça !
  • Et pourtant, il n'y a pas un moment ou je ne me le dit pas !
  • Arrête. Je t'en supplie.

Ian me sourit.

  • Je refuse que tu te reproches ça plus longtemps, insistai-je. Sans toi, je serai morte. Ne dis plus que ce qui m'est arrivée est de ta faute. Tu m'entends ?
  • Je...
  • Je t'aime Ian et si tu n'es pas bien, je ne le suis pas non plus. Aujourd'hui est le plus beau jour de notre vie, nos amis sont là et nous, d'ici quelques heures, nous commencerons une nouvelle vie. Ensemble.
  • Ensemble, répéta-t-il avant de m'embrasser.

Des coups retentirent à la porte. Nous allâmes donc ouvrir.

  • Désolée, mais je dois te l'enlever, sourit Cloé.
  • Déjà ?! m'exclamai-je.
  • Et oui.
  • Mais je n'ai pas encore pris ma douche.
  • Quoi ! Dépêche-toi donc un peu.

Nous n'avions pas vu le temps passer. Il me semblait que quelques minutes s'étaient écoulées alors que le grand moment était proche. Je filai donc sous la douche et en sortis vêtue d'un jeans et d'un débardeur.

  • On se retrouve très vite.
  • Je t'aime.
  • Je t'aime aussi Sil.

Ian m'embrassa et laissa Cloé m'entraîner dans le couloir.



La musique commença. Mon père m'offrit son bras et nous marchâmes tout deux dans l'allée jusqu'à l'estrade où Cassie et Brice attendaient d'un coté et où Ian se tenait également. Le voir dans son costume me fit monter les larmes aux yeux et j'eus toutes les peines du monde à ne pas les laisser s'écouler le long de mes joues. Il était hors de question que je ruine mon maquillage. Nous montâmes les deux marches, puis mon père releva mon voile, m'embrassa sur le front et confia ma main à Ian qui la prit dans la sienne tout en le remerciant.
L'homme d'église venu célébrer nos mariages commença son discours. Ce fut un moment flou pour moi tellement j'étais fixée sur Ian. Il dut d'ailleurs me rappeler à plusieurs reprises avant que je ne réagisse et lui accorde toute mon attention.

  • Elle est revenue parmi nous, plaisanta l'homme avec un grand sourire.

L'assemblée se mit à rire, me faisant rougir de honte.

  • Nous attendions que vous reveniez sur terre pour écouter vos vœux.
  • Je... euh... Oui, pardon.

Je pris une grande inspiration et me lançai. J'avais heureusement bien préparé ce que j'avais à dire à Ian afin de ne rien oublié.

  • Chacun ici sait que je ne serai pas là, en ce jour, si ma route n'avait pas croisé la tienne. Tu m'as sauvée et avec toi, j'ai réappris à être heureuse. La vie n'a pas toujours été très simple depuis, et beaucoup d'épreuves sont venue mettre à mal notre couple mais sans elles, nous ne serions pas ce que nous sommes ! Grâce à toi, j'ai trouvé des amis sincères, j'ai retrouvé une famille qui va s'agrandir avec notre union et surtout, tu m'as fait découvrir l'amour avec un grand A. Alors si aujourd’hui, je dois te dire une seule chose : c'est merci ! Merci d'être toi, merci de me laisser être moi et merci de me prouver à chaque instant combien tu m'aimes. Je ne serai plus jamais la même, je ne serai plus jamais cette adolescente désemparée sur ce toit mais je sais qui je suis à présent et j'aime celle que je serai d'ici peu. Enfin, si tu dis oui.

Des petits rires se firent entendre avant que l'homme ne donne la parole à Ian.

  • Sil... euh... Savannah. J'avais préparé quelques mots mais finalement, j'ai autre chose à te dire. J'ai souvent douté de mon instinct mais si je dois le remercier de quelque chose, c'est bien de m'avoir mis sur ta route. Tu dis que je t'ai sauvée, mais tu te trompes. C'est toi qui m'a sauvé. Et plus d'une fois ! Avant de te connaître, je m'étais perdu, je ne savais plus qui j'étais. J'avais pris l'attitude d'un homme sans qu'il soit vraiment moi. Tu m'as convaincu que j'avais droit au bonheur malgré ce qui s'était passé. Tu as fais abstraction de celui que j'avais été avant ton arrivée et tu m'as aimé pour ce que j'étais vraiment. Des erreurs j'en ai faites et j'en regrette certaines. Mais je remercie chaque jour le destin de ne pas m'avoir puni pour ça et de m'avoir permis de rencontrer l'amour. Tu n'es pas seulement la femme que j'aime. Tu es une partie de moi. Sans toi, je ne peux vivre. Tu es mon cœur, mon âme, ma vie et te savoir à mes côtés pour le restant de mes jours, me comble d'un bonheur inimaginable !

Les mots de Ian me touchèrent tellement que j'éclatai en sanglots sans pouvoir retenir quoi que ce soit. Ian me prit contre lui et me murmura combien il m'aimait jusqu'à ce que cette crise de larmes se calme. La cérémonie put alors reprendre. Brice passa l'alliance au doigt de Cassie qui en fit de même et après qu'ils eurent dit le fameux « Oui » ce fut à notre tour. Ian me passa l'alliance au doigt tout en me jurant un amour éternel. Je pris à mon tour son anneau, et la main tremblante lui passait tout en lui promettant de demeurer à ses cotés quoi qu'il advienne.

  • Je vous déclare donc, maris et femmes. Messieurs, vous pouvez embrasser vos mariées.

Ian se pencha vers moi et déposa doucement ses lèvres sur les miennes. Durant cet instant, je parvins à oublier nos invités. Il n'y avait plus que nous deux.

  • Je vous présente Monsieur et Madame Larsen ainsi que Monsieur et Madame Coursilver.

La foule se leva et nous applaudit.

Durant toute l'après-midi et jusqu'à tard dans la nuit, nous dansâmes et nous amusâmes tous. Des discours furent prononcés par nos amis et nos familles.
La fête battait encore à plein régime lorsque je pris un peu de distance pour me retrouver un peu avec moi-même. Je marchai sur quelques mètres vers les bois jusqu'à trouver un endroit qui me permit de voir les étoiles sans être gênée par les lumières de la fête. Cette journée avait été parfaite, je n'aurai pu rêver mieux et pourtant... Pourtant, ma mère manquait à ce tableau. J'aurai tellement voulu qu'elle soit parmi nous et qu'elle assiste à ce moment si précieux.

  • Ça ne va pas madame Coursilver ? Me demanda Ian se calant dans mon dos, entourant ma taille de ses bras.
  • Si, si tout va bien. Je réfléchissais, voilà tout.
  • Tu ne regrettes pas j'espère ?
  • Regretter quoi ? De t'avoir épousé ? Es-tu fou ? Évidement que non, dis-je en me tournant sans me défaire de son étreinte. Je me disais juste que j'aurais aimé que ma mère soit présente à nos cotés.
  • J'aurais aimé qu'elle soit là moi aussi, ainsi que ma mère. Mais regarde.

Ian leva la tête vers le ciel étoilé.

  • Regarde Sil, elles sont là. Elles ont toujours été auprès de nous et le seront à jamais.
  • Tu as raison.

Nous nous embrassâmes longuement puis retournâmes nous amuser avec les autres. 

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