samedi 3 mars 2012

Chapitre 19




C'est quatre derniers jours chez Gabe, le père de Ian, sont passés à une vitesse folle. J'ai d'abord eu du mal à me sentir à l'aise, tout est si grand chez monsieur Coursilver. Je n'ai pas l'habitude de tant de luxe, on voit qu'il gagne beaucoup d'argent.
Il a même deux employés, Josh et Karen, qui s'occupent de tout, la cuisine, le ménage, les courses...Ils répondent à la moindre demande du père de Ian. C'est gênant de devoir faire appel à quelqu'un pour un simple verre de jus de fruits. À plusieurs reprises, Karen me rappelle de faire appel à elle au lieu de me déplacer. Mais ce n'est pas naturel chez moi d'agir ainsi.
Mais bon, le but de ce séjour, est de réunir Ian et son père et cela a plutôt bien marché jusqu'à maintenant. Ce n'est pas encore la grande complicité, mais je pense que rien que le fait que Gabe ait pris du temps pour être avec son fils montre qu'il veut améliorer les choses. Quand on les regarde ensemble, on voit que quelque chose s'immisce entre eux et les empêche de se rapprocher vraiment et je pense que c'est la perte de Mackenzie et Issy. C'est un point sur lequel ils doivent travailler, il faut qu'ils arrêtent de se rejeter la faute et surtout qu'ils en parlent.






La veille de notre retour à l'institut...






J'ouvre les yeux et regarde par la fenêtre. Dehors, il fait encore nuit. Je regarde ma montre et essaie de distinguer l'heure avec la lumière projetée par la lune. Elle indique quelque chose comme deux heures. Je repose ma tête sur l'oreiller et tente de me rendormir, mais je ne fais que tourner, retourner et changer de position. Impossible de me rendormir.
Je décide alors de descendre à la cuisine pour prendre un verre d'eau. Est-ce qu'à cette heure je devrais réveiller Karen pour boire? J'imagine la situation. Je me vois aller jusqu'à sa chambre, lui tapoter l'épaule et lui demander d'aller me prendre un verre d'eau fraiche. Plutôt risible comme scénario. De toute façon, je crois maintenant qu’elle a compris que je préfère me débrouiller seule pour les petites choses du quotidien.
Je prends un verre et le remplis d'eau du robinet avant de rejoindre ma chambre. En passant devant le salon, je vois le père de Ian assis dans le sofa, il ne dormait pas non plus. Je me suis approchée.



- Bonsoir.
- Erin...Tu as besoin de quelque chose ?
- Non, non. Je n'arrivais pas à dormir alors je suis allée prendre un peu d'eau.
- Veux-tu t'asseoir avec moi un instant ?



Il avait un album photo avec une couverture de cuir noir sur ses genoux.

- Je ne voudrais pas déranger.
- Tu ne me déranges pas. De vous avoir à la maison et surtout que Ian soit là, a fait remonter les souvenirs et je me suis plongé dans l'album de famille. Veux-tu le regarder avec moi ?
- J'en serrais ravie.

Gabe ouvre à la première page le gros album.

- Ici, ce sont mes parents, Katharina et Jack. Ma mère était russe, mon père l'avait rencontrée pendant un de ses voyages.
Il n'a pas quitté la Russie avant qu'il n'ait eu tous les papiers pour la ramener avec lui aux États-Unis. Cela a pris deux ans. Ses parents, ne voulaient pas que leur fille quitte le pays avec un étranger.

Gabe tourne les pages une à une en me désignant les personnes sur chaque photo. Le début, sur les grands-parents de Ian et ses parents. Puis sur les pages suivantes, c'est toute la partie sur Ian.

- Ce qu'il était craquant quand il était bébé.
- Tout le charme de son père. Me lance Gabe en rigolant.

Je souris à sa plaisanterie et regarde avec plus d'attention une photo où Ian doit avoir quatre ou cinq ans. Il est assis dans l'herbe et mange une glace, visiblement au chocolat vue la couleur de son visage. Avec le soleil, ses petites boucles ont un magnifique reflet doré. Au fil des photos, je vois grandir Ian. Et puis je le vois les yeux brillants de bonheur en regardant ce petit bébé qu'il tient dans ses bras.



- Nous étions à la maternité. Issy a un peu plus d'un jour.
- Il a l'air tellement heureux.
- Dès qu'il a vu sa petite sœur, il est tombé sous son charme.



En voyant toutes les photos où Ian est heureux avec sa petite sœur, je sens les larmes remplir mes yeux. Monsieur Coursilver me tend une boîte de mouchoirs.



- Merci.
- Je suis touché de voir combien tu es touchée par la vie de mon fils. Je sens combien tu l'aimes et je suis content qu'il ait trouvé une jeune femme comme toi.
- Vous savez, c'est surtout moi qui ai de la chance de l'avoir dans ma vie.
- Disons que vous vous êtes bien trouvés alors.
- Disons ça, oui.



Gabe entreprend de tourner les pages suivantes. Nous arrivons sur des photos de Ian en tenue de footballeur. Il est d'ailleurs super sexy.
Il tourne ensuite plusieurs pages vides. Avant d'arriver sur quelques photos de nous. Je suis toute étonnée de me retrouver dans leur album de famille. Les clichés ont été pris lors de ma cérémonie. Il y a une photo de moi toute seule dans ma robe blanche, une photo de Ian face à moi me tendant mon athamé et trois photos prises au cours de la soirée.



- Ça ne te dérange pas j'espère, que j'ai mis des photos de toi.
- Non, non. C'est très gentil, je suis flattée.
- Les pages avant, sont vides car ce sont les années où Ian et moi...enfin, bon. J'ai repris l'album lorsque j'ai fait ta connaissance pour les fêtes. En le voyant si heureux, j'ai su qu'il t'aimait vraiment. Tu es de la famille maintenant.
- Merci. Dis-je toute émue.
- De rien. Et puis regarde me dit-il en tournant les quelques pages restantes.
- Il n'y a rien.
- Non, c'est normal. Ce sont les pages pour votre futur. J'espère qu'un jour, nous y mettrons des photos de votre mariage et de vos enfants.



Je sens mes joues rougir à la simple pensée qu'un jour je pourrais dire « oui » à Ian dans une merveilleuse robe blanche, devant nos familles et amis. J'aimerais beaucoup que ça se déroule au même endroit que ma cérémonie. Ce lieu était vraiment merveilleux.



- Il est temps de retourner se coucher, tu ne crois pas ?



Je hoche de la tête.



- Gabe!
- Oui ?
- Je ...ça ne me regarde peut-être pas et vous allez peut-être me dire que je me mêle de vos affaires, mais je sais que Ian se sent toujours aussi coupable de la mort de votre femme et de sa petite sœur. Il pense que vous le tenez responsable de leurs morts.
- Et il a des raisons de croire cela. J'étais si malheureux, tellement détruit après leurs disparitions que j'ai versé toute ma colère sur lui. Je lui ai dit des atrocités, des choses qu'un enfant ne devrait jamais entendre de la bouche de son père et au lieu d'être présent pour lui et de l'aider à surmonter la mort de sa maman et d'Issy, je l'ai délaissé. Achève-t-il un réfrénant un sanglot.



Je lui tends à mon tour les mouchoirs en lui souriant.



- Vous devriez parler avec lui. Ian a besoin d'entendre que vous l'aimez et que vous ne le tenez pas pour responsable de ce qui s'est passé. Et ...et je pense que ça vous fera du bien à vous aussi de lui dire ce que vous avez sur le cœur.
- Tu as raison, mais...ce n'est pas facile après tant de temps...je...je vais essayer de lui en parler. Sais-tu vers quelle heure il a prévu votre départ ?
- Non, il a dit dans la matinée.
- D'accord, j'essaierai de lui en parlerai après le petit déjeuner.
- Je monterai faire mon sac afin de vous laisser seuls.
- Merci Erin. Allez file dormir maintenant.
- Bonne nuit.
- Bonne nuit la miss.



Je suis alors remontée me coucher. En me sentant entrer dans le lit, Ian se blotti contre moi. Je sais que demain matin va être dur pour lui, mais au final, il se sentira beaucoup mieux après.
Comme prévu, le lendemain, je les ai laissés discuter tranquillement après avoir pris mon café et de la brioche. Une heure après, alors que je me suis plongée dans un roman, Ian entre dans la chambre, les yeux baignés de larmes. Je le serre immédiatement dans mes bras. Il finit par me parler de leur conversation entremêlé de sanglots qu'il n'arrive pas à contrôler. Ce qui a provoqué ces larmes n'est pas le souvenir douloureux de Mackenzie et Issy comme je le pensais mais les paroles d'amour de son père. En effet, Ian m'apprend que Gabe lui a dit qu'il l'aimait pour la première fois depuis longtemps. Il me faut un bon moment pour parvenir à le calmer mais après ça, il se sent soulagé, délesté d'un poids qu'il a porté depuis tellement d'années.
Une heure plus tard, monsieur Coursilver nous raccompagne à l'institut.



- Merci de nous avoir accompagné Gabe.
- De rien la miss. Revenez vite me voir tous les deux.
- Bye Papa.
- Salut fiston.



Ian attrape nos deux sacs dans le coffre et nous passons le portail. Une fois dans ma chambre, il déposa mes affaires. J'étais contente de la retrouver et d'être revenue dans ce que je considérais comme mon foyer.



- Bon, je vais te laisser te reposer tranquillement, on se voit plus tard !



- Non, attends.



Je m'approchais de lui et me serrais contre son corps.



- Je voudrais que tu restes ...



Pour seule réponse, il me fit un sourire des plus éclatants et m'embrassa.

1 commentaire:

Céline a dit…

Un beau chapitre qui clôture ce tôme. Je suis pressée de découvrir la suite de leurs aventures !!